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Abercrombie & Fitch : sois beau ou cache-toi

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Travail . Déjà condamnée à l’étranger, la marque est soupçonnée de discrimination en France.
publié le 25 juillet 2013 à 22h06

Une entreprise a-t-elle le droit de sélectionner ses employés selon des critères physiques ? On peut compter sur Abercrombie & Fitch pour mettre la question sur la table. Déjà condamnée aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne pour ses pratiques discriminatoires, la chaîne de prêt-à-porter américaine est dans le viseur, en France, du Défenseur des droits, Dominique Baudis. L’institution la soupçonne de procédés similaires dans ses magasins.

Obsession. Une rapide promenade dans la boutique des Champs-Elysées suffit à saisir l'esprit de la maison. Plastique avantageuse et coiffure impeccable, le personnel salue les clients d'un «Hello guys !» nonchalant. Des fresques murales mettent en scène des garçons dénudés, occupés à diverses performances sportives. Partout le corps est exalté. Mais un corps jeune, festif, idéal. Cette obsession est assumée par le PDG d'Abercrombie, Mike Jeffries, dont une déclaration au magazine américain Salon est reprise par la saisine du Défenseur des droits : «Nous embauchons des gens beaux dans nos magasins, parce que les gens beaux attirent d'autres gens beaux, et nous voulons nous adresser à des gens cool et beaux […]. Beaucoup de gens n'ont rien à faire dans nos vêtements. Sommes-nous exclusifs ? Absolument.»

Cet état d’esprit a déjà coûté cher à l’entreprise. En 2005, Abercrombie a dû verser 50 millions de dollars (37,8 millions d’euros) dans