Une entreprise a-t-elle le droit de sélectionner ses employés selon des critères physiques ? On peut toujours compter sur Abercrombie & Fitch pour remettre la question sur la table. Condamnée aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne pour ses pratiques discriminatoires, la chaîne de prêt-à-porter est dans le viseur du Défenseur des droits français, Dominique Baudis. L'institution la soupçonne de procédés similaires dans ses magasins en France.
Une rapide promenade dans le magasin des Champs-Elysées suffit à saisir l'esprit de la maison. Dans la semi-obscurité de ses quatre niveaux, le décor et la bande-son sont ceux d'une boîte de nuit. Des vaporisateurs diffusent un parfum entêtant au-dessus des rayons. Plastique avantageuse et coiffure impeccable, le personnel salue les clients d'un «Hello guys!» nonchalant. Des fresques murales mettent en scène des garçons dénudés, occupés à diverses performances sportives dans des postures homo-érotiques. Partout le corps est exalté – un corps jeune, blanc, festif, idéal.
Cette obsession est assumée par le PDG d'Abercrombie, Mike Jeffries, dont une déclaration au magazine américain Salon est reprise par la saisine du Défenseur des droits : «Nous embauchons des gens beaux dans nos mag