Menu
Libération
Analyse

Modèle allemand : là où le bas salaire blesse

Article réservé aux abonnés
Les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux outre-Rhin, où le revenu minimum n’existe pas, excepté dans les promesses de campagne de la gauche.
A l'usine Porsche de Stuttgart. (Photo Michaela Rehle. Reuters)
publié le 30 juillet 2013 à 19h56
(mis à jour le 31 juillet 2013 à 13h54)

Britta, jeune femme au visage fatigué, fait partie de ces salariés pauvres dont la prospère Allemagne a honte. Coiffeuse dans un salon de l'est de Berlin, elle gagne 5,50 euros brut de l'heure, soit 40% de moins que le Smic français (9,43 euros brut). Même avec les pourboires, elle ne peut s'en sortir sans le complément de salaire versé par l'Etat aux travailleurs pauvres. Sans cette aide, Britta toucherait moins en travaillant que les chômeurs en fin de droits bénéficiant des minima sociaux. «Avec ce que je gagne, il m'arrive d'aller aux distributions alimentaires de l'Eglise, pour ne pas avoir à aller au supermarché», explique cette jeune mère d'un petit garçon de 3 ans.

Compétitivité. Comme Britta, 8 millions de salariés gagnent moins de 8 euros brut de l'heure en Allemagne, pays où le salaire minimum n'existe pas. Ces travailleurs sous-payés sont l'un des éléments clés de la compétitivité du «made in Germany» et de ses succès à l'export. Le coût total du travail dans les usines est pourtant très proche en France et en Allemagne (35,50 euros de l'heure dans l'Hexagone, contre 34,40 outre-Rhin). Mais comme l'a montré une récente étude de Patrick Artus, chef économiste de Natixis, les services, qui représentent plus de 60% de la valeur ajoutée de l'industrie, sont 25% moins chers en Allemagne. Or, c'est précisément dans les services et les PME sous-traitantes que se concentrent les salariés pauvres.

En pleine campagne pour les él