C’est un derrick de 26 mètres de haut dont la silhouette rappelle le temps de la ruée vers l’or noir. Plantée à Jouarre (Seine-et-Marne), au milieu des plaines céréalières, cette tour appartient à la compagnie américaine Hess Oil, spécialiste de l’extraction de pétrole de schiste. Dans les prochains jours, un forage sera réalisé à plus de 3 000 mètres de profondeur pour analyser le sous-sol. Cette campagne d’exploration inquiète les riverains. Ils manifestent samedi sur le site, à l’appel des collectifs contre les gaz et pétrole de schiste.
Depuis la loi du 13 juillet 2011, la fracturation hydraulique, seule technique permettant d'exploiter les hydrocarbures emprisonnés dans la «roche mère», est interdite en France, en raison de ses dangers pour l'environnement. Mais les forages restent autorisés… Un flou juridique dont profitent deux compagnies, Hess Oil et la canadienne Vermilion, pour rechercher des gisements potentiels en Seine-et-Marne, dans la Marne et dans l'Aisne. Les écologistes assurent que ces sociétés misent sur une évolution de la loi ou sur sa censure par le Conseil constitutionnel, qui se prononcera d'ici au 12 octobre (lire page suivante). Si tel devait être le cas, cela pourrait permettre aux compagnies dont les installations sont en place de démarrer illico la fracturation. «A la moindre brèche sur le front de l'interdiction, ils s'y engouffreront», s'inquiète Isabelle Lévy, militante du collectif de Jouarre contre les gaz de schiste.