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Libération
Reportage

En Bourgogne, «des viticulteurs vont y laisser leur peau»

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Près de 40% du vignoble de la côte de Beaune serait dévasté par la grêle.
La grêle a dévasté 40% du vignoble de la côte de Beaume. (Photo Francois Nascimbeni. AFP)
publié le 12 août 2013 à 22h16

La phrase claque comme la grêle qui s'est abattue avec une violence rare sur ses vignes le 23 juillet : «C'est comme si on avait été licenciés sans préavis ni indemnités», résume Jean-Louis Moissenet-Bonnard. Ce viticulteur de Pommard, illustre village viticole de Côte-d'Or a vu, impuissant et pour la deuxième année consécutive, son vignoble, dont il exporte 60% de la production (Japon, Etats-unis, Hongkong, Singapour, Australie…) ravagé par les éléments fâcheux.

Sur une année normale, ce barbu quinquagénaire, qui exploite six hectares, tire de ses ceps d'exception - le pommard, une des grandes appellations - une centaine de tonneaux de 228 litres de raisin. En 2012, il en a fait quarante-cinq. «Cette année, ce sera encore moins, présume-t-il, la gorge nouée. Je souris car je ne peux plus pleurer.»

La faute incombe à ces grêlons qui, suivant les parcelles, ont détruit entre 70% et 92% des grains de ses vignes. D'habitude, ici, les orages de grêle viennent du Sud. Cette fois, le vent a soufflé du Nord. La pire configuration. «Deux années de suite avec la même intensité, ce n'est jamais arrivé», dit Jean-Louis Moissenet-Bonnard. Pour parfaire l'affaire, c'est le «premier cru» - le meilleur de l'appellation - qui a souffert. «Le soir même, on a pris conscience des dégâts, raconte Emmanuelle-Sophie Moissenet-Bonnard, 28 ans, qui travaille sur le domaine familial avec son père après un master en vigne et terroir. Dès le lendemain, le