Eric K. se souvient parfaitement de ce 8 janvier 2009. Il est 11 heures, quand son univers s'écroule. Du haut de la tour Chassagne, il croit voir les gratte-ciel de la Défense tomber comme des dominos. Hallucination ? Surdose de cocaïne ? Le trader défait son nœud de cravate. Il sue. La Société générale, sa banque, est au bord du gouffre. Il savait que ça sentait le roussi, depuis la chute d'AIG. En septembre 2008, les Etats-Unis avaient laissé sombrer le numéro 1 mondial de l'assurance, à peine vingt-quatre heures après le lâchage de Lehman Brothers. Pan ! Pan ! Deux morts coup sur coup. Pas question que le contribuable américain paie pour les errances du système, avait dit George W. Bush : «Vous avez voulu jouer au casino ? Pourquoi pas. Vous avez perdu ? Tant pis pour vous.»
Trésor. Le sort d'AIG s'ést noué pour partie à Paris, dans une filiale de la maison mère, Banque AIG. L'officine a vendu pour plusieurs centaines de milliards de dollars de CDS, les credit default swaps, des produits dérivés qui protègent entre autres contre la chute du marché immobilier. Elle les a vendus «à nu», sans se couvrir, et a gagné des sommes folles. Mais AIG reste un assureur : si un sinistre se produit, il faut payer. Et le sinistre s'est produit : l'immobilier s'est effondré, un phénomène qu'on a baptisé «la crise des subprimes». La valeur des produits dérivés vendus par la Banque AIG à Paris a explosé. Et les acheteurs, Goldman Sachs, Bank of America, So