L’ex-banquier Thierry Philipponnat dirige l’ONG Finance Watch, qui tente, avec de maigres moyens, d’exercer un contre-pouvoir face au puissant lobby bancaire.
Le sauvetage des banques par les Etats est-il au cœur des maux économiques actuels ?
C’en est la source essentielle. Les conséquences sur les déficits publics sont gigantesques. La Commission européenne a chiffré à 1 600 milliards d’euros les aides dont ont bénéficié les banques entre octobre 2008 et fin 2011 : 13% du PIB de l’UE !
Elles n’ont pas remboursé ?
Là-dessus, il y a environ 1 200 milliards de prêt et 400 milliards de dons. C’est énorme. Après le sauvetage des banques britanniques par Londres, la dette publique du pays a grimpé de 50%. Avec, pour conséquence, l’austérité, et des citoyens qui paieront pendant une ou deux générations. La débâcle de Dexia aura coûté 6,6 milliards d’euros aux Français, au moins autant aux Belges. Et la facture risque de s’alourdir. Pourquoi les citoyens devraient-ils payer pour les fautes de banquiers, qui, en plus, se sont enrichis ? Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas la révolution !
A quoi ont servi ces sauvetages ?
A renforcer la finance folle en l’incitant à continuer à prendre des risques, sur le mode «pile je gagne, face la société perd». Même la Banque d’Angleterre, le FMI ou l’OCDE l’admettent.
Que fallait-il faire ?
Sauver les banques, mais exiger une contrepartie. Les Etats auraient dû les restructurer. Séparer les banques en deux : dépôts et crédits d’un côté, activités de marché de l’autre. Ne plus soutenir ces dernières, qui représentent entre 70% et 80% de l’activité bancaire en Europe, aurait purgé le système. Dans les faits, on a l