Ses comptes sont, depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes d’Ennahda, scrutés à la loupe. Leur publication, chaque semestre, est accueillie par des articles triomphaux dans les médias hostiles au gouvernement. La dernière livraison, il y a quelques jours, n’a pas dérogé à la règle. De nouveau, la Société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT), qui a le quasi-monopole sur le marché de la bière, avec l’emblématique Celtia, a annoncé de très bons résultats : + 45% de bénéfices au premier semestre. Un chiffre insolent, en plein marasme politico-économique. Un signe, veulent croire certains, de la résistance populaire aux projets de moralisation des islamistes.
En 2011 et 2012, les ventes de bière avaient bondi de 15%. «Après la révolution, il y a eu des hausses de salaires, passées en bonne partie dans la consommation, explique-t-on à la SFBT. De plus, il y avait plus de 500 000 Libyens sur notre territoire, férus de Celtia. La contrebande s'est développée aussi, et nos produits se vendaient même en Libye», où l'alcool est pourtant interdit. Si les bars ferment plus tôt à cause des problèmes de sécurité, si quelques points de ventes n'ouvrent plus après les pressions des salafistes, le marché parallèle s'est nettement développé. Çà et là, on raconte aussi que les Tunisiens boivent davantage à cause du stress, de la dépression post-révolution ou, donc, en défi aux islamistes.
A la SFBT, en l'absence d'étude sérieuse, «on ne veut pas entrer d