Gainsbourg avait raison : l'amour physique est sans issue. Avec la révolution numérique, tout se dématérialise, même le cul. Surtout le cul. Aux origines du sexe connecté était le Minitel et ses 3615 surtarifés qui firent notamment la fortune de Xavier Niel, comme le raconte Aurélien Bellanger dans sa Théorie de l'information. A l'orée des années 80, des millions de Français découvrent une nouvelle forme de sexualité connectée devant l'écran blafard d'une boîte rudimentaire reliée au réseau Transpac. Bien avant Internet, la télématique made in France Télécom dessinait les prémices d'un plaisir «érotronique». Evidemment, pour la génération Y d'aujourd'hui, celle des sex-toys et de YouPorn, tout cela relève de la préhistoire du cybersexe. Bardé de capteurs, paré de dessous vibrants, harnaché de jouets électroniques, «plugué» sur le réseau comme dans un film de Cronenberg, le corps se transforme en obscur objet du désir virtuel.
Dans cette vision steampunk du sexe, le cerveau devient la zone la plus érogène de l'homo numericus… «Branlette intellectuelle», diront fort à propos les sceptiques. Le sexe à distance augmenté par la technologie reste de fait réservé à une poignée de freaks connectés. Mais on aurait tort de penser qu'il s'agit là d'une pratique érotique marginale et sans lendemain. La dématérialisation progressive - et on l'espère partielle - des rapports sexuels est en effet inhérente aux écrans tactiles et aux réseaux dit «sociaux». Et le cybersexe d