Sur la plage de l'hôtel Demo, touristes et curieux se baignent en famille dans une eau transparente. A une dizaine de mètres du rivage, par-delà les parasols et les chaises longues, un long barrage flottant orange délimite les eaux de baignade. Il définit la frontière à ne pas franchir. A une portée d'appareil photo, la carcasse du Costa Concordia attire l'œil comme un aimant. Chacun regarde l'épave, tableau impressionnant dans ce décor de vacances, tenant presque des paris sur la réussite d'une mission de sauvetage inimaginable.
Le redressement du bateau de croisière représente aujourd'hui le plus grand renflouage de navire de l'histoire. Long de 290 mètres, c'est un record pour l'équipe des salvage masters («sauveteurs extrêmes en mer») qui travaille sans répit depuis mai 2012 sur ce projet titanesque. «Jusqu'à présent, le plus long navire renfloué mesurait 100 mètres et reposait sur un fond sablonneux, rappelle le Sud-Africain Nick Sloane, qui coordonne tous les corps de métiers représentés sur le chantier. Celui-là est trois fois plus long et se trouve encastré sur des rochers.» Nick Sloane, 52 ans, a le visage buriné par le soleil et la fatigue. Salvage master depuis près de vingt ans, il n'avait jamais rien vu de tel. «Je me trouvais en Nouvelle-Zélande lorsqu'on m'a contacté. Je suis parti à 2 heures du matin, sans avoir vu de photo du navire», dit-il, assis à la terrasse de l'hôtel réquisitionné depuis des mois com