Menu
Libération
extension du domaine de l'éco

Magistère numérique

Article réservé aux abonnés
EcoFuturdossier
publié le 1er septembre 2013 à 19h06
(mis à jour le 2 septembre 2013 à 11h17)

Les Grecs appelaient «pédagogue» l'esclave qui était chargé de conduire l'enfant à l'école. Par extension, le pédagogue est devenu celui qui conduit les jeunes générations vers le savoir. Et l'esclave s'est fait maître. Enfin, ça, c'était avant Internet. Qui de Wikipedia ou du professeur exerce aujourd'hui le magistère le plus influent dans l'éducation de nos «digital natives» ? L'écran ne remplacera jamais l'enseignant, ce «hussard noir de la République» à qui le ministre de l'Education, Vincent Peillon, veut redonner son aura d'antan. Mais au XXIe siècle, on ne peut plus enseigner, et encore moins apprendre, sans consulter à tout moment cette formidable bibliothèque d'Alexandrie numérique qu'est le Web. La première mission du maître d'aujourd'hui est sans doute de guider «Petit Poucet et Petite Poucette» (comme Michel Serres appelle la génération écran tactile) dans cet infini savoir dématérialisé, en lui redonnant perspective et humanité par le cours. Sa seconde mission est de préparer l'élève à grandir et trouver sa place dans ce monde qui tourne à la vitesse d'une centrifugeuse.

Car demain, ceux qui n'auront pas été formés aux nouveaux outils de l'ère numérique seront définitivement exclus de l'entreprise et du travail. Le corps enseignant n'a peut-être jamais connu pareil défi. La plupart des métiers qu'exerceront un jour les enfants qui rentrent demain à l'école n'existent pas encore. Ils seront créés par ceux qui traînent aujourd'hui leur cartable,