C'est ce qui s'appelle une jolie volte-face. Les petites pensions seront finalement épargnées par la réforme des retraites, contrairement à ce qui était prévu. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, a annoncé hier sur BFMTV que l'Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa, ex-minimum vieillesse) continuerait d'être revalorisée au 1er avril.
Mardi, Jean-Marc Ayrault avait annoncé, parmi le catalogue de mesures réformant les retraites, le report de la date de revalorisation des pensions du 1er avril au 1er octobre. Une mesure, présentée comme un simple «décalage», mais beaucoup moins indolore qu'il n'y paraît. Pour les retraités, elle équivaut à perdre chaque année six mois de revalorisation sur l'inflation. Gain escompté : 1,4 milliard en 2020. Une pilule d'autant plus amère, que comme Libération le révélait vendredi, la réforme devait concerner l'Aspa. En violation flagrante de l'engagement pris par l'Elysée et Matignon de protéger les petites retraites.
Il faut croire qu'en trois jours le gouvernement a pris la mesure du malaise politique potentiel. D'où un rétropédalage accompli avec une cocasse mauvaise foi. Hier, Touraine a affirmé : «Ceux qui sont au minimum vieillesse verront leur retraite revalorisée au 1er avril, comme c'était prévu.»