Menu
Libération
Récit

Le dérouillage du finlandais

Article réservé aux abonnés
Première capitalisation boursière d’Europe en 2000, Nokia n’a cessé depuis de faire les mauvais choix.
publié le 3 septembre 2013 à 22h16

Le XXIe siècle aura été fatal à Nokia. Le finlandais a connu son apothéose à la veille de l'an 2000. Sa valeur boursière atteint alors le chiffre faramineux de 198 milliards d'euros. Deux fois le PIB finlandais ! Nokia dépasse le pétrolier BP-Amoco, et devient la première capitalisation boursière d'Europe. Son moteur est la téléphonie mobile, alors que le secteur surfe encore sur une croissance à deux chiffres. C'est ce même mobile qui est aujourd'hui la cause de ses déboires au royaume de l'iPhone et du smartphone roi. Lundi, à la veille de l'annonce de la vente de ses téléphones, le géant ne valait plus que 11 milliards d'euros.

Est-ce un défaut de vigilance, un excès d’orgueil ? Un peu des deux. La chute s’amorce dès juin 2001. Nokia lance alors ses premières alertes : la croissance ne sera pas de 20% comme la firme s’en est vantée à Noël, mais de 10% seulement. De son côté, Microsoft, absent du mobile, se rapproche d’Intel, le géant du microprocesseur, pour prendre pied au côté de Nokia. Tout le monde y croit. Derrière, les acteurs qui comptent s’appellent Ericsson, Motorola, Siemens, Sony ou Sagem en France.

La tirelire de Nokia a pour nom le 3310. Un appareil robuste et convivial, vite devenu mythique et qui, après avoir écumé l’Europe, poursuit sa carrière dans les pays émergents, dont l’Asie, le pré carré de Nokia. Le finlandais y laboure les terres à petit pouvoir d’achat. Jamais avant le 3310 il ne s’était vendu autant d’exemplaires d’un seul modèle : 200