La cité, fantôme, évoque irrésistiblement le décor d’un film sur la fin du monde. Située à la périphérie de Thessalonique, capitale du nord de la Grèce et deuxième ville du pays, Sindou est une gigantesque zone industrielle. C’était même la plus grande de la région jusqu’à une époque récente. Elle est désormais à l’abandon. Des entrepôts envahis par les mauvaises herbes, des usines aux vitres cassées, aux structures patiemment désossées par les pillages successifs longent des routes vides où l’on ne croise que des chiens errants.
«Depuis le début de la crise, en 2010, ils ont tous mis progressivement la clef sous la porte. Seules une ou deux entreprises, spécialisées dans l'alimentation, ont survécu. Pour le moment», soupire Alexandre, un grand gaillard doté d'une belle moustache, en parcourant les ruines industrielles de ce qui fut l'un des pôles les plus prometteurs du développement économique du pays. C'était avant la crise, avant la découverte «surprise» d'un endettement bien plus important que prévu, car dissimulé par les perdants des élections de 2009. Depuis cette «révélation», la Grèce n'en finit plus de plonger et, malgré les plans d'austérité successifs imposés par Bruxelles et le Fonds monétaire international, sa dette atteindra cette année 321 milliards d'euros, soit 16 milliards de plus qu'en 2012. Pour le premier semestre 2013, ce ne sont pas moins de 40 000 entreprises grecques qui ont mis la clé sous la porte, selon les chiffres annoncés fin août.
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