«Ras-le-bol fiscal» : lancée fin août par Pierre Moscovici, l'expression a fait florès. L'opposition, le patronat et certains commentateurs s'en sont saisis pour exprimer leur opposition à de nouvelles hausses d'impôts. Jusqu'à la proclamation par François Hollande d'une «pause fiscale» en 2014... pour les entreprises au moins. Selon Louis Maurin, sociologue et directeur de l'Observatoire des inégalités, «le bluff des plus aisés a marché» grâce, notamment, à une utilisation habile des statistiques fiscales. Interview.
Que voulez-vous dire en dénonçant la «construction du ras-le-bol fiscal» ?
Je veux dire qu'en toute évidence, ce sentiment a été fabriqué : consciemment par certains, idéologiquement hostiles à l'impôt; inconsciemment par d'autres qui, manquant de compétences ou de sens critique, ont relayé une information qui leur semblait sérieuse et partagée par tous. Il s'est produit un effet d'entraînement déjà observé dans le passé. Par exemple lors du débat sur la carte scolaire : du jour au lendemain, tout le monde s'est retrouvé opposé à ce système qui avait pourtant ses avantages.
L'expression a pourtant été lancée par le ministre de l'Economie lui-même...
Que révèle la comparaison des taux de prélèvements entre la France et ses voisins ?
Est-il illégitime de se plaindre du niveau de prélèvements ?
En aucun cas. Mais pas en utilisant des outils qui n'ont aucun sens. Le prélèvement n'est pas bon en soi, et certaines économies sont certainement nécessaires. Je n'aime pas non plus la démagogie consistant à dire qu'il faut «faire payer les riches». Et certaines catégories peuve