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Libération

Les Italiens fauchés bradent leurs bijoux de famille

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par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 12 septembre 2013 à 21h46

En temps de crise, de baisse des revenus et de restriction des crédits bancaires, les Italiens vendent bagues, bracelets, chaînes en or et autres breloques pour des dizaines d’euros indispensables, parfois, pour boucler le mois.

Près de 20 000 boutiques à l'enseigne Compro Oro («J'achète de l'or») ont ainsi fleuri dans la péninsule pour répondre à une demande qui explose. Selon un rapport de l'institut Eurispes, alors que 73,4% des Italiens déclarent avoir subi une perte de pouvoir d'achat en 2012, ils sont 28,1% à s'être rendu dans un Compro Oro au cours de la même année. Ils n'étaient que 8,5% en 2011. «Ce sont plus les femmes (31,6%) que les hommes (24,5%) qui choisissent de vendre leurs biens précieux», souligne l'Eurispes.

Parmi les nouveaux clients figurent des familles de la moyenne bourgeoisie contraintes, elles aussi, à réduire leur niveau de vie. Elles n'hésitent plus à se ruer dans ces échoppes où le prix de l'or est aléatoire - et souvent à la tête du chaland -, pour obtenir de l'argent liquide. A Rome, révèle le quotidien la Stampa, deux bagues en or de 18 carats, dont le prix du marché aurait dû s'établir autour de 296 euros, ont été proposées par des Compro Oro entre 180 et 250 euros.

Pris à la gorge, nombre de clients succombent et bradent leur petit patrimoine. «Il n'y a pas de véritable réglementation, ce qui donne lieu, dans le meilleur des cas, à de l'évasion fiscale» par les acheteurs qui n'émettent pas de factures, dénonce Ranier