En 2004, quand Vincent Bolloré est entré au capital de Havas, Martin Bouygues (patron du groupe éponyme) a pris son téléphone pour prévenir le PDG, Alain de Pouzilhac, d'un trait de caractère de son nouvel actionnaire. «Attention, c'est un menteur maladif !» l'a-t-il mis en garde. Bouygues, qui avait eu affaire à Bolloré quelques années auparavant, avait raison : après l'avoir assuré de son soutien, l'homme d'affaires breton avait viré Pouzilhac et pris sa place.
Quelqu’un a-t-il pris la peine d’alerter Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, quand le même Bolloré est devenu actionnaire du groupe de médias et de télécoms, il y a maintenant presque un an ? Sans doute pas. Les hommes se connaissent bien, ils font partie des mêmes réseaux depuis trente ans, dont la fameuse «bande à Bébéar» (du nom du fondateur d’Axa, aujourd’hui censeur au conseil de surveillance de Vivendi), qui a pris le pouvoir au sein du capitalisme français dans les années 90. Mais le coup que vient de réussir Bolloré avec Vivendi montre que, à 61 ans, l’homme d’affaires est toujours aussi redoutable. Et que l’inviter à son conseil ne va pas sans risque.
Comme un Bleu. En quelques jours, Bolloré - qui ne détient que 5% du capital de Vivendi - a ainsi pris le pouvoir et réussi à imposer sa stratégie. Il a été nommé vice-président du conseil de surveillance et chargé de communiquer le nouveau «projet» : ni plus ni moins que la