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Portrait

Les baskets Sawa, pompes à fric

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Une success-story entre Paris et l'Ethiopie.
publié le 13 septembre 2013 à 21h16

Ases yeux, les Européens ont une idée assez spéciale de l'industrialisation de l'Afrique : «En gros, le Maghreb et l'Afrique du Sud sont intéressants pour les profits. Le reste, ce ne sont que des hommes qui courent à poil derrière des lions.» Mehdi Slimani s'esclaffe comme un enfant. A 38 ans, cet enfant du XXe arrondissement de Paris, diplômé d'une école de commerce, dirige Sawa, une marque de chaussures «100% made in Africa».

L'aventure commence en 2009 à Douala, au Cameroun. Avec deux associés, et après dix années passées dans le marketing et la finance, Mehdi Slimani décide de «produire une basket de qualité sur un continent délaissé». Sawa assemble alors du caoutchouc égyptien, du cuir marocain, des lacets tunisiens et de la toile camerounaise. Mais l'affaire tourne court : «La corruption est délirante sur le port de Douala. Parfois, la somme des bakchiches qu'il faut verser pour dédouaner un conteneur est supérieure à sa propre valeur ! En deux ans, j'ai perdu 500 000 euros avec ces conneries.»

Début 2011, il a fallu tout recommencer. Entêté, Slimani débarque à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie. Et tombe littéralement en admiration pour le pays. «Les gens et le système politique y sont incroyablement sains. On ne connaît de l'Ethiopie que l'émission Voyage en terre inconnue, les blagues sur la famine et We Are the World de Michael Jackson. Or c'est un endroit merveilleux pour entreprendre», affi