Un mois avant le Conseil européen qui sera consacré pour la première fois au numérique, la ministre en charge du dossier, Fleur Pellerin, explique pourquoi la France entend lancer une grande offensive européenne pour mettre en place une régulation des géants, archidominants et tous américains, d’Internet.
C’est la guerre ?
Ce qui me frappe, c'est que l'on reste très focalisé aujourd'hui sur la régulation des réseaux, comme l'illustre le nouveau «paquet télécom» proposé par la Commission. Mais on oublie que l'enjeu principal concerne désormais les grandes plateformes, comme Apple, Google, Facebook, Amazon et consorts, qui sont devenues les points d'accès obligés à l'Internet. Ce sont les conglomérats du XXIe siècle qui organisent la nouvelle économie à leur avantage. Si l'on ne fixe pas des règles, c'est tout l'écosystème de l'innovation qui est en danger. Or, il y a urgence à construire des champions européens du numérique. C'est le message que la France fera passer au prochain Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, consacré pour la première fois au numérique et à l'innovation.
Comment une poignée d’acteurs peuvent-ils imposer leurs règles à l’ensemble d’un marché aussi vaste et diversifié ?
A travers leurs moteurs de recherche, leurs places de marché ou encore leurs magasins d’applications, ces plateformes ont mis des centaines de milliers d’acteurs économiques dans une situation de dépendance. Elles ont un droit de vie ou de mort sur ces derniers, qui n’ont pas d’autre choix que de passer par elles pour trouver des débouchés et des clients. Encore faut-il que les règles soient cla