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portrait

Laurent Spanghero. Fort comme un bœuf

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A 74 ans, et contre l’avis de sa famille, l’aîné de la fratrie Spanghero a repris l’entreprise minée par les lasagnes au cheval.
Laurent Spanghero, dans son bureau à La Lauragaise, ex-Spanghero, à Castelnaudary (Aude), le 13 Septembre 2013. (Photo Christian Bellavia pour Libération)
publié le 19 septembre 2013 à 18h16
(mis à jour le 19 septembre 2013 à 18h59)

Il a vendu son nom en même temps que son entreprise, en 2009, pour un euro symbolique. Mais, ego et fibre sociale à la fois, il ne pouvait pas, dit-il, laisser l'un et l'autre finir quatre ans plus tard dans de la bouillie de lasagnes à la viande de cheval. Quand l'idée a traversé l'esprit de Laurent Spanghero de reprendre l'affaire créée avec son frère Claude, il y a quarante ans et plombée l'hiver dernier par le scandale, la famille a d'abord dit : «Tu es fou !» Six mois plus tard, il négocie au téléphone la taille du boyau pour ses saucisses aux lentilles : «Au choix, du 26 - 28 ou du 28 - 30…» Il raccroche, marmonne avec des "r" qui se roulent les uns sur les autres que «c'est dur, c'est pas gagné». «La famille, dit-il en souriant, considère toujours que je suis fou. Mais que mon idée n'était peut-être pas si con que ça.»

Le cube de tôle et en plaque de plâtre, qui sert de siège à la société rebaptisée «la Lauragaise», est perdu au milieu de nulle part dans une zone industrielle. Personne à l’accueil, mais un téléphone et un petit panneau scotché qui prie le visiteur de décrocher pour s’annoncer. Avec zéro client en juillet et 90 salariés à peine contre le triple en 2012, il y a eu réduction de voilure. Le bureau du boss est lui-même perdu au fond de ce cube. Rien aux murs. Et quatre boîtes de cassoulet et de lentilles devant lui, à côté d’un iPad et de deux dossiers en cours. Mais rien n’indique que le décor fut moins monacal