Pas encore engagée la bataille est déjà quasiment perdue. Normalement, un budget fait toujours l'objet d'un storytelling soigné, propre à occuper l'espace médiatique et à devancer les critiques de l'opposition. La veille de sa présentation en Conseil des ministres, celui de l'année 2014 se place sous une mauvaise étoile. Depuis un mois, la majorité et son gouvernement se dépensent sans compter pour crédibiliser un «ras-le-bol fiscal» des Français. Une stratégie qui aurait pu parfaitement se comprendre si ledit budget prévoyait une baisse, voir une inflexion des impôts payés par les ménages. Or c'est tout le contraire qui va se produire : avec la hausse de la TVA, les prélèvements sur les Français vont augmenter d'environ 10 milliards d'euros l'an prochain.
Sillon. Comment en est-on arrivé là ? Aujourd'hui, ministres et députés s'amusent à charger Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, qui a cru bon déclarer, trois jours avant l'ouverture de l'université d'été de La Rochelle, «être sensible au ras-le-bol fiscal» des Français. Evidemment, la formule a fait bondir à l'Elysée et à Matignon. Mais sur le fond, Moscovici sait être en phase avec François Hollande. D'ailleurs à La Rochelle, tout le monde, ou presque, embraye sur le thème de l'exaspération fiscale. Les responsables de la majorité comme les ministres hollandais. Quelques jours plus tard, le chef de l'Etat lui-même continue de creuser le même sillon. D'abord d