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Interview

«Les impôts aident à réduire les inégalités, un thème de gauche»

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Pour Guillaume Allègre, de l’OFCE, l’exécutif a été «terriblement maladroit» en décrétant une pause fiscale et devrait plutôt faire «œuvre de pédagogie» :
publié le 23 septembre 2013 à 21h36

Chercheur à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), Guillaume Allègre (photo DR) travaille notamment sur les questions liées aux politiques fiscales.

De manière générale, comment analysez-vous le débat sur la supposée trop forte pression fiscale française ?

Il faut d

’abord rappeler que les impôts ne sont pas destinés à tomber dans une sorte de trou noir. On ne dira jamais assez combien ils sont là pour financer les dépenses publiques. Il n’existe pas de pouvoir régalien sans des impôts capables de financer la police, la justice, la défense, d’assurer les droits de propriété, de financer les infrastructures. Il n’y a pas d’Etat social sans éducation gratuite, sans un système de santé public digne de ce nom, ou sans protection sociale. En outre, l’impôt contribue à la réduction des inégalités, qui normalement est au cœur des préoccupations de la gauche. La troisième fonction de l’impôt vise à inciter les citoyens à adopter des comportements vertueux. Dire que l’impôt est trop élevé, ou qu’il n’y aura pas de nouvelles taxes, c’est prendre le risque de rendre inaudible la nécessité d’une politique fiscale capable de prendre en compte certaines externalités négatives liées, notamment, aux activités productives.

Le discours actuel ne va pas dans ce sens…

Il est étonnant de voir à quel point les politiques ne font pas œuvre de pédagogie pour expliquer à ceux qui s’estiment surtaxés que, finalement, ils profitent, ont profité et pro