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Libération
Interview

«C’est un traitement à très courte vue»

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publié le 26 septembre 2013 à 21h16

Directeur de recherche au CNRS, l'économiste André Zylberberg vient de copublier une nouvelle édition de la Machine à trier, à propos du chômage des jeunes.

Comment jugez-vous la politique d’emplois aidés ?

Les emplois d’avenir partent d’une idée juste : cibler les jeunes non qualifiés, ces 1,9 million de 15-29 ans qui ne sont ni salariés, ni étudiants, ni en formation. Les enquêtes, très nombreuses sur le sujet, montrent cependant que les emplois aidés dans le secteur non marchand, public et associatif, ne sont en réalité d’aucune efficacité dans le retour à l’emploi. Le résultat peut parfois même être pire, ces publics se retrouvant ensuite stigmatisés dans leur recherche d’emploi.

Les emplois d’avenir ne serviraient donc à rien ?

C’est un traitement statistique du chômage, à très courte vue, avec un objectif premier d’affichage politique. Pour réussir, il faudrait accompagner ces dispositifs d’un vrai volet de formation longue et qualifiante.

Le volet formation existe dans les emplois d’avenir…

Sur le papier peut-être, mais trop peu dans la pratique. Pour occuper ces emplois peu qualifiés, il faut quand même un minimum de compétences dont une bonne partie de ces jeunes sont dépourvus. Résultat, certains employeurs commencent à rechigner. A l’image de ces caisses d’allocations familiales contraintes de se séparer de téléconseillers au motif qu’ils étaient trop incompétents et avaient trop de lacunes dans le langage écrit et parfois parlé

Vous craignez le retour des vieilles recettes pour faire baisser le chômage…

Face à ces difficultés, certains réclament déjà un élargissement de ces dispositifs vers un public plus large, avec un inconvénient majeur : on ne cible plus spécifiquement ceux qui e