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Libération
Reportage

La sardine au lasso, quelle pêche !

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Les sardiniers de la Bretagne-Sud se sont convertis à la pêche durable et à ses bonnes pratiques : long filet tournant, zone restreinte… Ils sont maintenant certifiés. Au-delà de l’argument commercial, ce label change aussi leur vie. La preuve à Douarnenez et sur l’île d’Yeu.
publié le 27 septembre 2013 à 23h23
(mis à jour le 29 septembre 2013 à 18h15)

Douarnenez, pointe de la Bretagne. Quand Yves Le Lay largue les amarres de son Stereden ar mor («étoile de la mer»), le soleil décline, il ne sait pas encore où il va jeter ses filets. En baie, à quelques milles du port ? Ou vers Ouessant, au-delà du cap de la Chèvre ? «C'est la sardine qui décide», dit-il. Car son truc à lui, c'est la sardine durable, la pêche à la bolinche. Pour prévenir l'épuisement de l'espèce et tordre le cou à l'image du surexploiteur des océans, il a changé ses pratiques, et tous les sardiniers de Bretagne-Sud avec lui. Désormais, il labellise sa pêche. Une façon aussi de gagner en conditions de vie.

Moteur à fond, en jeans et baskets, son long corps mince installé dans le siège baquet, il ne quitte pas son écran des yeux. Surtout les deux sonars, qui balaient l’un à 350 mètres, l’autre à 150. Les sept hommes d’équipage ont enfilé bottes et cirés. Ils ont chargé les caisses de glace. On circule avec peine sur le pont avant, encombré de conteneurs en plastiques et de cuves en métal prêtes à recevoir la manne.

L'équipage s'est réfugié dans le carré. Le temps mis à gagner la zone de pêche est précieux : chacun a apporté sa gamelle et la glisse à tour de rôle dans le micro-ondes oxydé. Ludovic, Morgan, Christian… Ils ont tous entre trois et treize ans de métier. Le petit dernier, Christophe, 17 ans, y fait son CAP. Chacun des sept marins a un rôle précis à tenir tout au long de la nuit. Le Stereden est l'un des vingt-sept bolinche