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Homo Googlicus

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publié le 29 septembre 2013 à 19h06

«La Matrice est universelle, omniprésente. Elle est avec nous ici, en ce moment même…» On se souvient du film des frères Wachowski qui supputait que notre monde n'était qu'illusion, un programme informatique simulant la vraie vie. Matrix s'inspirait largement du grand Philip K.Dick qui, dans Ubik, avait eu la prescience de cette Second Life en édictant ce vertigineux paradoxe :«Je suis vivant et vous êtes morts.» Aujourd'hui, la SF a rattrapé le présent : un univers parallèle a bel et bien pris forme à côté de l'existant. Au tournant des années 2000, une nouvelle dimension numérique est née avec Internet everywhere et omniscient. Via Google, Facebook ou Twitter, l'humain s'est incarné sur le Web, y stockant sa vie entière et toute sa mémoire.

Mais ce n'était qu'une étape. Avec ses Google Glass, qui préfigurent la première greffe permanente du réseau sur le corps humain, le géant californien ambitionne désormais de nous offrir le don d'ubiquité pour naviguer entre ces deux mondes physique et numérique. «Augmenté» par ces hyper-lunettes, l'Homo googlicus pourra passer, à tout moment, de l'autre côté du miroir sans avoir à dégainer son smartphone ou sa tablette. Depuis son canapé, dans la rue, au bureau et même au lit (le premier porno a déjà été tourné avec), il pourra plonger à vue dans cet univers bis. Au risque de confondre de plus en plus «IRL» (in real life) et irréel. Allons-nous entrer dans la matric