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Analyse

Arrêtez les machines

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Préserver le repos dominical permet de changer de cadence, de privilégier une vie sociale déjà dévorée par le travail.
publié le 30 septembre 2013 à 21h46

Pour éviter tout malentendu, précisons d’emblée qu’il ne s’agit pas de réhabiliter le gigot dominical, la pêche à la mouche ou le retour de la messe en famille. Remettre en cause la généralisation du travail dominical, c’est plutôt se demander à quoi riment des vies déjà largement cadencées par l’impitoyable métro-boulot-dodo de la semaine. Certes, le travail - quand on a la chance d’en avoir un - a diminué dans sa durée hebdomadaire, mais il s’immisce de plus en plus dans les interstices de la vie privée, tard le soir, le samedi ou le dimanche. A regarder l’agenda des Français, ausculté par l’Insee (1), 60% des personnes interrogées se plaignent de ne pas avoir assez de temps… Un tiers des individus ayant un emploi aimeraient passer moins d’heures à travailler, seul un dixième pense le contraire. Précision notable, il n’y a pas plus de cadres que d’ouvriers ou d’employés, dit l’Insee, qui souhaiteraient travailler davantage. Même pour gagner plus. La quête du pouvoir d’achat n’est peut-être pas un idéal si bien partagé.

Si le dimanche devient un jour comme les autres, que risque-t-il de se passer à long terme ? «Une société du 24 heures sur 24, sept jours sur sept», dit l'ergonome Sophie Prunier-Poulmaire (2), le travail dominical des uns entraînant celui des autres, notamment les transports. C'est donc imprimer la surexcitation de la semaine au dernier jour épargné, avec son lot de casse-tête laissés sans réponse. Il n'y a déjà pas assez de places de crèche du lund