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Le porcher sourd obtient groin de cause

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publié le 6 octobre 2013 à 21h26

Travailler dans une porcherie peut nuire à la santé. «Je suis très content, ça fait cinq ans que je me bagarre, et finalement la justice a reconnu la faute de mon patron.» Ces mots sont ceux d'un porcher rendu sourd pour avoir enduré pendant des années les cris des cochons. Le 11 septembre, le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) de Lons-le-Saunier (Jura) a reconnu la société qui l'employait coupable de «faute inexcusable» pour ne pas l'avoir protégé contre le cri strident des cochons et le bruit infernal des machines de la porcherie dans laquelle il travaillait. Tombé gravement malade en 2008, il avait vu sa surdité reconnue comme maladie professionnelle en 2012.

De septembre 2001 à février 2008, Serge Personeni, 59 ans aujourd'hui, a été successivement employé par trois porcheries appartenant toutes à la société de salaisons Pelizzari. Le tribunal a estimé que l'employeur n'avait pris aucune mesure pour le protéger du bruit, estimé entre 121 et 133 décibels quand les cochons sont nourris, le moment où ils crient le plus fort. Or, la réglementation impose d'installer des protections lorsque l'exposition sonore dépasse les 85 décibels. La plupart des sons de la vie courante sont compris entre 30 et 90 décibels et le «seuil de douleur» tourne autour de 130 décibels. Selon la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath), qui défendait le requérant, l'employeur avait «conscience du danger» que la victime encourai