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Libération
EDITORIAL

Indécence

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publié le 9 octobre 2013 à 21h46

L’image de ces patrons brandissant, hilares, un carton jaune à l’intention du gouvernement, n’est pas seulement grotesque. Les visages radieux des chefs du Medef et de la CGPME, devant l’exubérance de leurs ouailles, ne sont pas simplement dérisoires. Au-delà de la provocation, cette attitude patronale atteste d’une irresponsabilité et d’une forme d’indécence. Car en choisissant une politique favorable aux entreprises, en les préservant d’une pression fiscale encore accrue sur les ménages, le gouvernement a parié sur la volonté patronale de relancer l’économie et l’emploi. Or, en manifestant leur désapprobation, les chefs d’entreprise balaient d’un revers de main les 10 milliards d’euros qui leur ont été accordés à travers le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Ils méprisent la diminution, en 2014, de plusieurs milliards d’euros de leurs prélèvements. Ils esquissent une fuite en avant aux conséquences dévastatrices.

La demande d’avantages fiscaux, sans cesse renouvelée par le Medef, n’est plus audible. Elle impose, en revanche, au gouvernement de recadrer des dirigeants patronaux animés par des préoccupations politiques plutôt que par l’intérêt du pays. Ce n’est pas d’une agitation grotesque dont la France a besoin mais d’une véritable responsabilité économique. François Hollande doit au plus vite mettre les patrons devant leurs responsabilités. Les faveurs fiscales dont ils ont bénéficié doivent être payées en retour par une relance de l’activité et surtout de