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Interview

Bernard Cazeneuve: «L’Etat tend la main aux patrons, mais pas la joue»

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Mis en cause par les patrons, Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, revient sur les choix de sa réforme fiscale :
Bertrand Cazeneuve à Bercy à Paris 9 octobre 2013. (Photo Bruno Charoy pour Libération.)
publié le 9 octobre 2013 à 21h46

Le ministre du Budget contre-attaque. Trois jours après que le gouvernement a renoncé à sa réforme sur la fiscalité des entreprises, Bernard Cazeneuve explique sa démarche, regrette «les postures» et joue l'apaisement.

Les patrons brandissent des cartons jaunes contre votre politique, «exaspérés» par le niveau des impôts. Votre réaction ?

Contrairement à ce que j’entends, les entreprises bénéficieront en 2014 d’une baisse de leurs prélèvements. A hauteur de 10 milliards avec le crédit d’impôt compétitivité emploi, qui correspond à une baisse de 4% du coût du travail en 2013 ; à hauteur de 2 milliards pour des mesures prises l’an dernier et non-reconduites. Voilà la réalité. On a raison de tendre la main, mais il ne faut pas tendre la joue.

Les mêmes patrons réclament aussi plus d’économies de la part de l’Etat…

Nous ferons 15 milliards d’économies en 2014. On peut trouver que ce n’est pas assez, mais pas nier que c’est plus que ces dernières années. La révision générale des politiques publiques menée par le précédent gouvernement, c’était 10 milliards d’économies sur trois ans. Nous, c’est 15 milliards en un an. Il faut dire la vérité.

Que s’est-il passé avec le nouvel impôt sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) que vous avez proposé puis retiré face à l’hostilité patronale ?

Nous voulons basculer des impôts sur la production, qui sont anti-économiques, vers des impôts sur le résultat, qui sont plus justes. Or, notre impôt sur les sociétés est mité par les niches fiscales et pèse de fait plus lourdement sur les PME, alors que dix groupes du CAC 40 ne le payent presque jamais. C’est pourquoi nous avons envisagé de créer un nouvel impôt sur le résultat économique, de supprimer toutes les impositions sur le chiffre d’affaires et de baisser le taux de l’impôt sur les sociétés en luttant contre l’optimisa