«Vous en avez trouvé où ?» La question est désormais banale à Caracas, lorsque l'on revient d'une heure de queue pour mettre la main sur un rouleau de papier toilette. Une scène triviale, mais symptomatique de la pire crise que connaît le Venezuela depuis le coup d'Etat de 2002 contre Hugo Chávez. Alors que la pénurie s'intensifie et que l'inflation atteint des niveaux record, l'Etat manque de liquidités pour importer et le pays pourrait tomber en récession en 2014. Au sein même du Parti socialiste unifié (PSUV) au pouvoir, et sept mois après la mort de Chávez, des voix s'élèvent pour réclamer un changement radical du système d'importation, basé sur le contrôle des changes. Selon la Banque centrale, de nombreux produits de base, comme le papier toilette, l'huile et le lait, sont absents, en moyenne, dans plus de 70% des lieux de vente. Quand les mères trouvent des couches ou des pots de compote, elles emportent en vitesse tout ce que le magasin leur permet. Les marchands ambulants, eux, passent très tôt le matin dans les supermarchés et raflent tout avant de revendre à prix fort.
Dans cette société très polarisée, les économistes de droite et de gauche apportent deux explications opposées de la crise actuelle. Pour Rafael Macquhae, professeur d'économie à l'Unimet, une université de Caracas, la responsabilité en incombe au système socialiste : «La peur des expropriations a fait chuter la production nationale à tel point que le pays importe la quasi-totalité de ce