Nous serions une génération de profiteurs, de pique-assiette, habitués - à fond mais à tort - à la gratuité. Biberonnée au téléchargement illégal de musique comme de cinéma, aux creative commons, aux plateformes de streaming et aux sites d'information gratuits, nous aurions perdu l'habitude de sortir notre porte-monnaie.
La faute à Internet, bien sûr. Les plus jeunes, vaguement regroupés sous l'étendard de la génération Y, seraient les plus touchés. Et leurs aînés contaminés. «Mais il y a un bon revers à la médaille. Grâce à la révolution numérique, la gratuité - ou liberté d'accès - a repris du sens, elle est redevenue une pratique du quotidien», nuance Paul Ariès, politologue décroissant. «Reste à reconstruire un système de gratuité ou celle-ci aurait de la valeur. La gratuité peut être un projet idéologique qui s'oppose à la marchandisation et à la vénalisation, c'est-à-dire à l'idée qu'il n'existe plus de juste prix pour les choses», poursuit-il.
Depuis 2008, des initiatives de gratuité salutaires se développent en France dans la veine du don et du contre-don, de l’économie sociale ou solidaire ou du financement par l’impôt grâce à l’intervention des pouvoirs publics. Encore une réaction face à la crise économique.
Vaisselle, livres, tissus…
A Montreuil (Seine-Saint-Denis), tables et chaises ont été placées en bordure de la voie publique. Des embryons de stands. Dans quelques minutes, des habitants du quartier