L’image restera dans les mémoires. Des dizaines de petites croix bricolées avec deux touillettes à café brandies comme autant de symboles fragiles et dérisoires de la fin d’une histoire. Deux misérables petits bouts de plastique pour signifier l’agonie d’un territoire. C’était vendredi, vers 17 heures, sur le site de l’abattoir de Gad SAS de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, où s’étaient rassemblés élus locaux, commerçants et salariés. Le tribunal de commerce de Rennes venait d’annoncer la fermeture de l’entreprise et le chômage forcé pour ses 850 employés.
«Injustice». «C'est soixante ans d'histoire qui s'achèvent, rappelait ce week-end, gorge nouée, Jean-Marc Puchois, maire de cette commune de 2 100 habitants. L'entreprise a été florissante, avec jusqu'à 6 000 cochons abattus chaque jour. Jusqu'à ce qu'elle soit reprise par la Cecab. Avec sa fermeture et les emplois induits, c'est tout le socle économique de cette partie du Finistère qui est touché.» Il estime que la déflagration pourrait concerner 3 000 personnes. Parmi elles, beaucoup de salariés sans qualification et des familles entières qui se sont endettées pour se loger dans la région. «Il y a un profond sentiment d'injustice et de colère. La Cecab savait depuis longtemps qu'elle allait fermer un abattoir mais n'en a rien dit», s'insurge Chantal Guittet, député PS de la circonscription. Dans le plan de continuation validé par le tribunal de commerc