Devant le siège d'Alcatel-Lucent, au pied de la tour Eiffel, une rangée de CRS attend les manifestants. «Cela fait quatre ou cinq fois qu'on finit là, mais c'est la première fois qu'on ne peut pas entrer», sourit l'un d'entre eux. Autour de lui, environ 2 000 autres salariés conspuent le plan social annoncé le 8 octobre par Michel Combes, directeur général de l'équipementier en télécommunications. Un plan qui, d'ici 2015, se traduira par 10 000 suppressions nettes d'emploi dans le monde, dont 900 en France.
Si les salariés connaissent les lieux, c'est que depuis 2006 et la fusion entre Alcatel et l'américain Lucent, la vie du groupe a été rythmée par les plans sociaux – cinq avant le dernier en date. Manifester sous les fenêtres du siège relève donc du rituel. Presque entièrement composée d'ingénieurs, la foule est sage. Jusqu'au retour des représentants du personnel, partis négocier avec la direction mais revenus bredouilles. «Selon ce qu'on nous dit, seuls le calendrier et les modalités du plan social sont négociables, pas le nombre de suppressions d'emploi», rapporte Hervé Lassalle, délégué CFDT, provoquant des huées à l'adresse de Michel Combes.
«On sacrifie des activités»
Chez les manifestants, l'amertume se double d'un sentiment d'injustice. Beaucoup relèvent que les activités américaines du groupe sont d'ailleurs moins touchées par les suppre