Menu
Libération

L’aggiornamento du FMI

Article réservé aux abonnés
publié le 15 octobre 2013 à 18h06

Privatisations, réduction des dépenses publiques, baisse des impôts et abaissement des barrières douanières, c’était la potion du FMI. Le Fonds monétaire international l’imposait à tout pays lui demandant un appui financier. Il le faisait avec un tel esprit de système qu’il était assimilé, depuis trois décennies, à la vaste entreprise de déréglementation et de libéralisation de l’économie mondiale qui a tout changé, partout, depuis les années 80 ; mais, aujourd’hui, le Fonds paraît bien amorcer une révolution. En pleine rupture avec lui-même, il est en train de réhabiliter et promouvoir la puissance publique, cet Etat qui était devenu le problème et redevient la solution maintenant que les dogmes du néolibéralisme thatchérien ont été tellement ébranlés par le krach de Wall Street.

Dans un rapport publié la semaine dernière et titré «Le temps de l'impôt», le FMI appelle ainsi à augmenter le taux d'imposition des plus riches. C'est un peu comme si le Vatican prônait soudain l'agnosticisme. C'est un complet retour sur l'idée selon laquelle plus les riches seraient riches, plus les pauvres seraient heureux car c'est de la richesse des uns que viendrait l'emploi des autres. C'est au nom de cette obscénité intellectuelle et morale que l'impôt des plus fortunés avait constamment été abaissé depuis plus de trente ans mais le Fonds estime désormais qu'il «semble exister, dans beaucoup de pays avancés, une marge suffisante pour tirer davantage de recettes des plus hauts revenus».