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interview

«Le modèle breton se prend le mur et on lui met des pansements»

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Jean-Michel Favennec, président de la Coordination rurale Bretagne, ne croit pas au «Pacte d’avenir» destiné à sauver l’agroalimentaire breton.
Des salariés de l'agroalimentaire bloquent le tarmac de l'aéroport de Rennes, le 14 octobre 2013. (Photo Fred Tanneau. AFP)
publié le 17 octobre 2013 à 12h33
Selon lui, le gouvernement ne se pose pas les bonnes questions. Alors, pour l'aiguiller, Jean-Michel Favennec, président de la Coordination rurale Bretagne, a adressé mardi une lettre au Président de la République. «Un appel au secours», envoyé la veille de la présentation par Jean-Marc Ayrault d'une réponse à la crise bretonne et aux plans sociaux à répétition. Guère convaincu par les solutions annoncées par le Premier ministre, Jean-Michel Favennec appelle à un nouveau modèle breton dans lequel les agriculteurs retrouveraient leur place centrale.
Le «pacte d’avenir» annoncé par le Premier ministre suffira-t-il à sauver l’agroalimentaire breton?

Le Premier ministre n’a rien annoncé. Les quelques mesures évoquées sont trop tardives et ne répondent pas aux vrais problèmes. C'est un énième plan, comme on en a déjà connu plein en Bretagne : il ne changera rien tant qu'on ne se posera pas les bonnes questions. Le modèle breton se prend le mur et on lui met des pansements. Cette crise, nous l’avions prévue depuis longtemps. Il faut comprendre comment on en est arrivé là : la Bretagne a fait le choix de produits à faible valeur ajoutée et de l’exportation. A la sortie de la guerre, la région a gagné la bataille des bassins de production avec ce modèle qui a fait ses preuves. Mais aujourd’hui, il ne fonctionne plus.

Pourquoi ?

La filière bretonne est responsable de sa situation actuelle. Il faut arrêter de dire que c’est la faute des autres et de la concurrence extérieure. Aujourd’hui, la filière agroalimentaire bretonne souffre de son incapacité à s’organiser et à construire une stratégie. Les hommes qui la dirigent depuis 20-30 ans ne sont plus adaptés. On fonctionne toujours comme dans les années 1980, sur le schéma d’un modèle capitalistique, fortement intégré et exportateur, à la solde des actionnaires, qui pousse à produire toujours plus et le moins cher possible. Mais, le monde a changé, et le modèle n’est plus rentable. Regardez nos voisins, en Basse-Normandie et Pays de la Loire : deux régions qui ont fait le choix de produits à plus forte valeur ajoutée. Résultat, elles ne connaissent pas la crise qui sévit ici.

Quelles solutions proposez-vous ?

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