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Libération
Récit

PSA : un mois de grève de la faim pour sept ouvriers

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Ces syndicalistes SUD du site de Poissy, protestent contre des «discriminations syndicales» de la part de la direction.
par Laurie Manuel
publié le 17 octobre 2013 à 18h36
(mis à jour le 18 octobre 2013 à 11h17)
«C’est moi, avec 17 kg de plus !» Ahmed brandit la photo qu’il a autour du cou. Celle d’un homme joufflu, bonne mine. Le syndicaliste est méconnaissable. «La fois où ma femme est venue me voir, elle a eu peur, elle m’a dit : "Tu arrêtes tout. On rentre !"» Sans succès. Sous la tente qu’ils ont installée devant le pôle tertiaire de PSA à Poissy (Yvelines), lui et six autres syndicalistes SUD sont en grève de la faim depuis un mois pour protester contre la «discrimination» dont ils se disent victimes. «Il y a des inconnus qui viennent nous soutenir mais aussi les salariés. Ils nous appellent, nous envoient des SMS pour demander de nos nouvelles», affirme Ahmed.
Sur la table, une boîte de vitamines, des gobelets en plastique et un paquet à moitié vide de fruits secs. Tous ont perdu entre 15 et 20 kg. «Nous leur avons proposé de rencontrer la médecine du travail pour suivre leur état de santé mais ils refusent les visites médicales», réagit un représentant du constructeur automobile. «Faux, répond un gréviste. Ils ne nous ont jamais proposé de rencontrer des médecins. Jamais !»

Harcèlement

Les sept collègues dénoncent une mise au placard des syndicalistes SUD. «PSA fout notre vie en l'air ! s'insurge Ahmed. Nous sommes sans affectation définie ! Mon bureau syndical est vide, je tourne en rond sans pouvoir y travailler.» En 2012, le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail avait déjà alerté la direction d'une mise à l'écart d'Ahmed, qui s'est retrouvé sans travail au sein de l'entreprise pendant une durée cumulée de dix-huit mois. La direction, de son côté, dément toute discrimination. «SUD est traité de façon strictement égale aux autres syndicats représentatifs», affirme un porte-parole de PSA. Le groupe automobile a déjà été jugé pour ces accusations. Le 16 mai, La cour d'appel de Versailles l'a condamné à verser 70 000 euros de dommages et intérêts à l'ancien secrétaire de SUD-Auto à Poissy pour «discrimination syndicale» et «harcèlement moral».

La direction se dit ouverte «au dialogue» avec les grévistes de la faim, et «prête à les raccompagner pour cette reprise du travail». Les ouvriers affirment de leur côté que leurs revendications ne sont pas entendues, et dénoncent les provocations des dirigeants : «Nous avons eu une réunion avec eux. Ils nous ont affirmé qu'ils nous donneraient une réponse dans une semaine. On attend toujours.»

Lutte des classes

Selon les syndicalistes, les intimidations se sont accentuées depuis que SUD-Auto à Poissy a rejeté le plan social consécutif à la fermet