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Libération
Reportage

Le cri d’alarme des salariés «liquidés» de Marcq-en-Barœul

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Pour se faire entendre, les employés ont piégé leur imprimerie. Deux d’entre eux sont en grève de la faim.
publié le 18 octobre 2013 à 21h46

Les bonbonnes de gaz sont bien en évidence sur le toit de l'usine. A l'avant, tout près de la grille d'entrée, un monceau de cendres sur lequel un feu brûle, attisé régulièrement. Il est à l'image de la rancœur qui grandit et consume les esprits depuis un mois et demi dans ce coin de la zone de la Pilaterie, à Marcq-en-Barœul (Nord), dans la banlieue lilloise. Depuis le 4 septembre, jour de la liquidation, les salariés de VG Gossens, 127 personnes sur le carreau, occupent leur imprimerie spécialisée dans les emballages. La menace des bonbonnes, une dizaine à l'extérieur, plus onze énormes à l'intérieur qui servent à refroidir les machines, a déclenché l'écho si longtemps recherché. «On a fait la mairie de Lille, le conseil régional, l'inspection du travail, tous les ronds-points… et on ne voyait rien avancer», aligne Ali Ouraghi. Ce magasinier de 46 ans tire l'intersyndicale à hue et à dia, recevant les élus, négociant avec la direction du travail, lançant les assemblées générales quotidiennes.

Jeudi, le ras-le-bol était à son comble. La tension de six semaines d'occupation dans l'indifférence et l'impuissance menaçait de déborder. Certains salariés craquaient malgré la consigne ferme de tempérance. «On n'est pas des casseurs», clament-ils tous, profondément vexés d'avoir été accueillis par «des maîtres-chiens et leurs bergers allemands chez Nestlé, [un de leurs anciens clients, ndlr] comme des voyous». La grève de la faim de deux collègues