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FMI : encore un effort !

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Les chroniques de Thomas Pikettydossier
publié le 21 octobre 2013 à 18h06

Ainsi donc le FMI, dans son dernier rapport, se met-il à défendre l’impôt progressif. Il va même jusqu’à recommander un impôt sur les patrimoines privés pour réduire l’endettement public. En voilà une bonne idée ! Evidemment, un tel changement de pied peut faire sourire. Essayons tout de même de mieux comprendre ce que le FMI propose et ne propose pas, d’où il vient et où il va.

Pendant des décennies, le FMI a tout fait pour mettre à mal le principe même de l'impôt progressif. Dans tous les pays dans lesquels il est intervenu, il a favorisé les impôts sur la consommation (non progressifs), ou bien la flat tax, c'est-à-dire un impôt pesant avec un même taux sur tous les revenus, des plus bas aux plus astronomiques. Partout, il a expliqué que l'utilisation de taux plus élevés pour les tranches supérieures de revenus était nocive pour la croissance et devait être abandonnée. Affirmation qui n'a pourtant aucun sens d'un point de vue historique : la croissance n'a jamais été aussi forte qu'au cours des années 1950-1980, période où la progressivité fiscale était maximale, notamment aux Etats-Unis.

Aujourd’hui encore, la plupart des cadres du FMI, qui émargent à 300 000 ou 400 000 dollars annuels et, comme de juste, sont dispensés de tout impôt, demeurent pourtant pétris de cette idéologie. Ils continuent d’expliquer en toute bonne conscience que l’ajustement budgétaire passe en priorité par des hausses de TVA et des baisses de dépenses sociales, et défendent toujours des ré