Jean-Paul Simier, spécialiste de l’agroalimentaire à l’agence régionale Bretagne Développement Innovation, analyse le déclin du «modèle breton» depuis son apogée dans les années 70 et son manque d’adaptation.
Qu’appelle-t-on le «modèle breton» ?
L’expression a été inventée il y a une trentaine d’années, et je ne pense pas qu’elle vaille encore aujourd’hui. Ce modèle reposait sur l’importation des matières premières - soja, céréales… -, un élevage intensif et une production destinée d’abord au marché national. Ce modèle n’était d’ailleurs pas propre à la Bretagne, puisqu’on le retrouvait en Catalogne, aux Pays-Bas, au Danemark… Il a bien sûr été accompagné par la politique agricole commune. Il a connu son apogée dans les années 70, avec de fort niveau de productivité et l’utilisation des dernières technologies.
Qu’est-il arrivé à ce modèle ?
Il y a eu des erreurs dans les stratégies de certaines entreprises, des adaptations trop tardives. Mais ce n’est pas la cause essentielle. A moyen et long terme, ce qui joue, c’est le passage d’une concurrence nationale à une concurrence européenne, voire mondiale. Aujourd’hui, la désindustrialisation touche tous les secteurs. L’agroalimentaire avait jusqu’alors mieux résisté que d’autres. L’élevage européen est pris en tenaille entre la hausse des coûts - notamment des matières premières - et un prix de vente qui ne bouge pas. Venu d’Allemagne, le phénomène low-cost se développe de plus en plus dans l’alimentaire.Tous les distributeurs ont développé une gamme de produits bon marché, et il y a tous les jour