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Comment «fabrique»-t-on les prévisions de croissance ?

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L'OFCE a présenté ce matin ses chiffres pour 2014. Comment sont-ils déterminés ? Questions à Xavier Timbeau, directeur du département Analyse et prévision de l'institution.
Des billets de 100 euros. (Photo Leonhard Foeger. Reuters)
publié le 23 octobre 2013 à 13h01

Elles sont scrutées par les analystes, rythment l'actualité économique, déterminent les politiques publiques : ce sont les prévisions de croissance publiées par les grandes institutions, telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne ou l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Ce dernier a justement rendu mercredi matin une copie plutôt pessimiste pour 2014. Mais comment construit-on une prévision de croissance et quelle est sa fiabilité ? Questions à Xavier Timbeau directeur du département Analyse et prévision de l'OFCE.

Comment construit-on une prévision de croissance ? 
Au centre de nos prévisions, il y a un modèle qui relie des causes et des conséquences. Sa «nourriture» de base est la comptabilité nationale : cette série de chiffres, produite par l’Insee, comprend le PIB, la consommation, l’investissement, les prix, le chômage… Nous utilisons environ un millier de ces catégories, et les chiffres associés. Ensuite, notre modèle les combine, en établissant 50 à 100 relations de causalité entre elles. Par exemple, qu’est-ce qui influence le taux d’épargne ? Qu’est-ce qui fait varier le taux de chômage ? Pour établir ces relations, on fait appel à la fois à la théorie économique, puis à l’observation des situations réelles du passé.
Comment être sûr que les règles du passé s’appliquent au présent ?

Après avoir fait tourner notre modèle, nous analysons justement les écarts entre ce qu'il nous dit et les dernières tendances constatées. Ces écarts ont-ils un sens ou non, indiquent-ils qu'il se passe quelque chose d'inhabituel ? A cette étape intervient une part de jugement, c'est-à-dire que l'on s'autorise à modifier à la marge notre modèle. On le fait par exemple sur la base de données «molles», par exemple des sondages sur le moral des ménages, les anticipations des entreprises… Enfin, on construit un scénario sur l'avenir. Il s'agit de prévoir la politique du gouvernement, l'évolution des prix du pétrole, de la population active… puis de voir comme les déviations de notre modèle vont se résorber, ou pas, dans le futur.

Comment établissez-vous ces projections ? 
On utilise par exemple les éléments de discussion de la politique économique : débat parlementaire, presse… On essaie de récupérer une information qui s’approche le plus de la décision finale. Ainsi, le budget 2014 n’est pas encore voté, mais on connaît déjà les grands objectifs du gouvernement. Reste à déterminer s’il s’agit d’objectifs à tenir coûte que coûte, ou susceptibles d’être tempérés.
Quels moyens consacrez-vous à vos projections ? 

Elles m