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Libération
Interview

«Les enseignes passent à une autre logique»

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Pascal Madry, spécialiste en urbanisme commercial :
publié le 23 octobre 2013 à 20h06

Pascal Madry est directeur de l’Institut pour la ville et le commerce, émanation de la fédération Procos qui regroupe les enseignes de chaînes. Il revient sur la multiplication récente des centres commerciaux en France.

Peut-on dire que l’on est dans une fuite en avant ?

Depuis 2000, on estime que le parc de surfaces commerciales a doublé, passant de 70 à 140 millions de mètres carrés en 2013. Dans le même temps, les chiffres d’affaires des enseignes ont progressé de 2 ou 3% au maximum chaque année. Il y a donc clairement un phénomène de découplage. D’autant qu’à cela s’ajoute, sur la même période, une augmentation de 50% des loyers.

Est-ce une situation périlleuse ?

Elle n'est pas durable. La plupart des centres commerciaux ouverts depuis 2000 fonctionnent mal. Parfois parce que les loyers sont trop chers pour les commerçants. Mais même lorsqu'ils sont raisonnables, les emplacements ne sont plus porteurs car nous nous trouvons face à des marchés trop concurrencés, alors que la consommation est atone par ailleurs. Une quarantaine de centres commerciaux ont ouvert en centre-ville en France sur cette période, et il n'y en a que deux qui fonctionnent : les Allées provençales à Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône], qui est une ville riche, et les Passages à Boulogne-Billancourt [Hauts-de-Seine].

Dans les implantations récentes en région parisienne, So Ouest, à Levallois-Perret [Hauts-de-Seine], est aussi situé sur une zone où la clientèle a un fort pouvoir d’achat…

So Ouest est entraîné par une très bonne offre alimentaire, qui était déjà là et qui va continuer à rayonner. Unibail y a ajouté une galerie de cent boutiques. D’où la question : cette nouvelle offre est-elle capable d’attirer des Parisiens ? Les enseignes so