En quelques minutes, l'affaire était pliée. Total est devenu un acteur majeur du pétrole au Brésil. La multinationale française s'est arrogée en début de semaine un cinquième de Libra, le principal champ pétrolifère du pays, dont l'exploitation pour les trente-cinq prochaines années a été vendue aux enchères à Rio. Ces enchères, les premières de la zone du «pré-sel», se sont tenues sous haute tension. L'armée a été dépêchée face aux manifestants contre la «privatisation» du pétrole. Les heurts ont fait huit blessés.
Le consortium qui a remporté l’exploitation du plus grand gisement du Brésil est emmené par le géant national - et propriété de l’Etat - Petrobras (40%), obligatoirement présent dans la concession. L’anglo-néerlandais Shell et Total s’en sont arrogés 20% chacun, tandis que deux compagnies publiques chinoises (China National Petroleum Corporation et China National Offshore Oil Corporation) se sont partagé à égalité les 20% restants. Avec des réserves récupérables de 8 à 12 milliards de barils, ce gisement, à 183 km de la côte de Rio, est le plus grand du gigantesque bassin pré-salifère découvert en haute mer en 2007 où au moins 50 milliards de barils sont enfouis à 7 000 m de profondeur, sous une épaisse couche de sel.
Le consortium devra verser une prime de plus de 5 milliards d'euros au Brésil dès la signature du contrat. Une avance importante qui explique pourquoi les pétroliers américains ont boudé l'adjudication. Sans concurrent, le consortium s'est co