Mon collègue Eugene Fama, de l'université de Chicago, vient de recevoir le prix Nobel d'économie pour son travail sur l'hypothèse des marchés efficients. Selon Fama, un marché financier est efficient si les prix «reflètent pleinement» toute l'information disponible.
Cette hypothèse implique en particulier qu’un investisseur individuel ne peut pas battre le marché : le marché (en pratique : quelques-uns des nombreux investisseurs sur le marché) est toujours informé des dernières nouvelles et ces nouvelles sont immédiatement répercutées sur le prix des actions.
Si les marchés sont efficients, alors il est possible de mesurer l’impact de toute nouvelle information sur la valeur des entreprises cotées en examinant le changement dans le prix des actions au moment où l’information devient publique. Par exemple, en tant qu’économiste du travail, je veux connaître l’impact des syndicats sur la valeur des entreprises américaines.
Pour ce faire, si l’hypothèse des «marchés efficients» est correcte, il me suffit de regarder le cours en Bourse des entreprises nouvellement syndiquées le jour où la syndicalisation est annoncée. Je compare ensuite le résultat avec le cours en Bourse d’entreprises similaires non syndiquées : si les entreprises syndiquées font moins bien, c’est que les syndicats nuisent à la valeur des entreprises. L’oracle du marché aura parlé.
Une récente étude, par David Lee et Alexandre Mas (1) examine justement la réaction du marché à la syndicalisation de 414 entr