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Libération
Reportage

Les mauvais comptes des mille et une vaches

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La plus grosse étable de France va voir le jour dans la Somme. Une apologie du modèle intensif qui suscite l’ire des riverains.
publié le 30 octobre 2013 à 20h46

Maisons bien entretenues, pelouses impeccablement tondues : Drucat est un petit village de campagne cossu, posé à quelques kilomètres d'Abbeville, dans la Somme. Rien, a priori, n'indique que l'endroit est devenu l'épicentre de la résistance à l'agrobusiness, si ce n'est cette succession de pancartes jaune fluo accrochées au mobilier urbain ou aux grilles des bâtisses. Partout, le même message : «Ferme-usine des 1 000 vaches : non !»

Faux pas. Au printemps, la plus grosse étable de France doit ouvrir. A terme, 1 000 vaches laitières seront regroupées dans un hangar de 234 mètres de long, ouvert aux quatre vents. Chaque bête passera à la traite trois fois par jour, posée sur un tapis rotatif. Le reste du temps, pas question d'aller au pré : un espace de 10,5 m2 lui sera réservé, pas plus. Le projet ne s'arrête pas là : 750 veaux et génisses seront également élevés sur le site de 5,7 hectares. Enfin, un méthaniseur de 1,5 mégawatt doit sortir de terre dans le bois d'à-côté. Objectif : traiter les déjections des bovins pour en faire de l'électricité. Le montant total des investissements se chiffre à 11 millions d'euros.

L'homme à l'origine du projet n'est pas vraiment du cru. Il s'appelle Michel Ramery et a réussi dans le BTP. Nanti d'une fortune estimée à 120 millions d'euros, il est la 349e personnalité la plus riche de France, selon Challenges. Son pedigree a braqué les opposants, réunis au sein de l