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TRIBUNE

Faut-il «zlataner» la taxe à 75% ?

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par Camille Landais, London School of Economics
publié le 31 octobre 2013 à 18h36

Parce que les footballeurs professionnels sont sans doute les employés aux salaires à la fois les plus élevés et les plus médiatisés, à chaque mouvement du taux marginal d'imposition sur le revenu, c'est toute la grande famille du foot qui se met à pousser des cris d'orfraie. Il ne faut pas croire que cela soit une spécialité toute française : en 2009, alors que le Royaume-Uni s'apprêtait à instaurer un taux marginal supérieur d'imposition sur le revenu de 50%, Arsène Wenger, le légendaire manager d'Arsenal déclarait dans le Sunday Times : «Avec le nouveau taux supérieur, c'en est fini de la domination européenne de la Premier League anglaise.» Alors, ne faut-il y voir que des atermoiements d'enfants gâtés, ou y a-t-il un vrai sujet sur la fiscalité du football qui mériterait qu'on s'y attarde ?

Dans le débat qui oppose les clubs de foot au gouvernement sur la fameuse taxe à 75%, les clubs font essentiellement valoir deux arguments simples. Le premier, c'est que sur le marché européen du football, les joueurs sont extrêmement mobiles et la concurrence fiscale entre pays fait rage. Qu'on le veuille ou non, ceci est une réalité. La plupart des pays européens ont mis en place de manière agressive des taux d'imposition dérogatoires très faibles sur les footballeurs afin d'attirer les meilleurs joueurs. En Espagne, c'est la fameuse loi Beckham, en place depuis 2004, mais désormais quasiment tous les autres pays européens ont leur régime spécial, du Danemark à la