Gorge nouée et larmes au coin de l’oeil, les désormais 283 ex-salariés d’Heuliez SAS à Cerizay (Deux-Sèvres), l’équipementier automobile placé en liquidation judiciaire, ont effectué leur dernier jour de travail dans l’usine presque centenaire, fleuron de l’automobile française qui a compté jusqu’à 3.000 ouvriers.
«Nous avons symboliquement bandé les yeux de la statue représentant Louis Heuliez, le créateur de cette entreprise en 1920, pour ne pas qu'il voie ce gâchis», lance Serge, la gorge serrée, «fier» de dire qu'il a «31 ans et neuf mois d'ancienneté».
Depuis six mois, il avoue qu'il n'y croyait plus. «Ça ne sentait plus l'huile, mais la mort», confesse-t-il avec des sanglots dans la voix. «J'ai 55 ans, je ne sais pas comment je vais rebondir. Il faut que je me bouge les fesses. J'espère faire une formation grâce à Pôle-Emploi», avance-t-il.
Daniel, qui a été embauché la même année, ne retient pas non plus ses larmes. «Dans les années 80, on tournait 24 heures sur 24, à plein régime. On était près de 3.000 à bosser. Jamais je n'aurais imaginé finir comme ça», se désole-t-il.
Les salariés ont symboliquement assisté au dernier coup de presse sur un élément de carrosserie, jeudi, et beaucoup ont immortalisé le moment avec leurs appareils photo.
Richard a souhaité venir avec son fils. «Je voulais qu’il voie pourquoi je partais tôt le matin et rentrais parfois épuisé le soir», dit-il.
Les 283 salariés sont ensuite allés déposer leurs tenues de t