Si vous n'avez pas encore lu le Bien dans les choses d'Emanuele Coccia (1), vous devez penser que rien n'est plus barbant et plus ignoble que la publicité. Vous en avez marre de ces cafetières, de ces crèmes, de ces parfums, de ces préservatifs, de cette montagne frénétique et interminable de choses qu'on vous invite à acheter. Et je ne compte même pas les idées noires que vous devez vous faire du consumérisme et du capitalisme mondialisé dont vous croyez que la publicité est le symbole le plus éclatant. A un tel point qu'il vous arrive de préférer le dénouement et les dangers d'une jungle ou d'une dictature communiste pourvu de ne pas être harcelé par la publicité.
Or, dès que vous commencez à lire cet essai vous êtes émerveillé par la manière dont il change votre vision des choses. Vous découvrez que cette langue de marchands est porteuse d’une très haute spiritualité. Que loin d’être un pur instrument de l’économie capitaliste, la publicité serait l’un des principaux vecteurs de la moralité publique. Ceci signifie en substance que c’est à travers elle que la collectivité politique nous incite à rechercher le bonheur et à construire nos idéaux vitaux. Ceci expliquerait que ce soit sur les murs des villes que les annonces explosent se substituant aux images didactiques peuplées de dieux et de héros. Or, être la continuatrice de la religion ou du patriotisme n’est pas la meilleure garantie pour devenir un instrument de la félicité sur Terre. En dépit de ses apparence