Pour les commerciaux, il faudra embaucher. Sinon, Marie-Paule, la trésorière du comité d’entreprise, et Francine, la responsable des prévisions, sont disposées à assurer la comptabilité. La tête dans un énorme classeur, Daniel, du nettoyage de nuit, est en train d’avaler des kilomètres de normes sanitaires avant de basculer avec Maïthé vers le service qualité. Destiné à se retrouver à la tête du département recherche et développement, Bernard, lui, revient d’un stage à l’Ecole supérieure de pâtisserie d’Yssingeaux.
Depuis quelques semaines, c’est l’effervescence au sein de l’entreprise Pilpa, à Carcassonne (Aude). Et pour cause : une usine de crème glacée et ses 124 salariés ne devient pas une société coopérative ouvrière de production (Scop) sans quelques aménagements de carrière.
L'aventure remonte à 2012, quand le britannique R&R Ice Cream, qui a racheté l'entreprise un an plus tôt, annonce sa fermeture. La bataille syndicale autour du plan social est rude, mais permet de repousser les licenciements à juillet dernier. Selon la CGT, seul syndicat présent, R&R voulait juste devenir propriétaire des productions Disney et Oasis de l'entreprise Pilpa, avant de se débarrasser du site, pourtant bénéficiaire. «Mais il n'y a pas de fatalité, raconte Christophe Barbier, l'ex-secrétaire du comité d'entreprise, qui vient d'être élu président de la prochaine Scop. Plutôt que de se plaindre du sort qui leur était fait, les salariés ont préféré agir.»Cet homme de 43 ans