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Libération
EDITORIAL

Comptes

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publié le 6 novembre 2013 à 21h36

Dans un très beau texte, Serge Daney expliquait que le cinéma, «ce n'est pas l'adolescence mais l'enfance, c'est-à-dire ne pas faire partie du monde mais être toléré d'extrême justesse». L'antipode de Twitter, réseau social créé il y a six ans pour des adolescents attardés par des éternels adolescents. Pour en permanence appartenir au monde connecté. Pour imposer un monde. Les comptes les plus populaires sont autant d'icônes adolescentes de Justin Bieber à Lady Gaga ou Katy Perry, hit-parade où s'égare à la cinquième place néanmoins Barack Obama. Les hommes politiques ont bien vu l'intérêt de cette forme de communication, immédiate, directe et sans intermédiaire et plus de 125 chefs d'Etat ou de gouvernement ont leur compte Twitter. Dont la majeure partie est évidemment rédigée par des conseillers en communication. Comme le veut la vieille scie de MacLuhan, le médium serait-il devenu le message ? On sait ce que les révolutions arabes doivent aux réseaux sociaux qui ont permis de mobiliser des millions de Tunisiens ou d'Egyptiens par-delà les censures d'Etat ou des télévisions affidées. On sait aussi les horreurs racistes que véhiculent ces réseaux.

Mais l’essentiel des messages se réduit à la banalité de la vie mode d’emploi. 140 signes ne peuvent changer le monde, même multipliés par plusieurs centaines de millions d’utilisateurs. En mal d’eldorado, les Bourses rêvent aujourd’hui Twitter refaisant le pactole d’Apple ou Amazon. Mais, pour l’heure, malgré ses légions