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interview

«Les bonnets rouges : un mouvement populaire, pas une bande de fachos»

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Pour le politologue Romain Pasquier, si le mouvement breton a une véritable assise qui transcende les clivages, il manque de «structuration intellectuelle».
Manifestation, le 2 novembre à Quimper. (Photo Jean-Sébastien Evrard. AFP)
publié le 6 novembre 2013 à 16h13

Le politologue Romain Pasquier est directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences-Po Rennes. Il revient, pour Libérationsur la crise sociale, économique et politique qui secoue la Bretagne et alarme le pouvoir.

Que pensez-vous de «l’ultimatum» des «bonnets rouges» au gouvernement pour qu’il supprime définitivement l’écotaxe ? Bras de fer ou dialogue de sourd ?

Ce n’est, au fond, que la transposition des modes d’actions des paysans bretons depuis les années 60. Les Tilly-Sabco ont pris d’assaut lundi la sous-préfecture de Morlaix comme l’a fait en 1961 le leader Alexis Gourvennec, initiateur du groupement agricole Sica à Saint-Pol-de-Léon. Les bonnets rouges ont investi samedi Quimper, lieu du dernier discours de De Gaulle en 1969 qui, après avoir rappelé la contribution de la Bretagne à la nation, lui assure qu’elle aura droit à un plan autoroutier gratuit en raison de sa situation périphérique. Et les ouvriers révoltés de Gad, de Tilly-Sabco ou de Marine Harvest bloquent les réseaux routiers comme les paysans avaient bloqué les trains dans les années 70.

Comment caractériseriez-vous le mouvement des bonnets rouges ?

En Bretagne, on assiste à un dépassement des clivages traditionnels sur certains sujets comme le désenclavement ou le développement économique. C'est ainsi que la révolte antifiscale des bonnets rouges en 1675 avait lancé un mode d'action qui dépassait les antagonismes. Aujourd'hui, deux des leaders de bonnets rouge